Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
CHAPITRE XXII.

retracent incessamment, en dépit de ses corrupteurs, les traits indélébiles de sa véritable nature.

« Telle est la chaîne des idées que l’esprit humain avait déjà parcourue à une époque antérieure aux récits positifs de l’histoire ; et puisque leur continuité prouve qu’elles ont été le produit d’une même série d’études et de travaux, tout engage à en placer le théâtre dans le berceau de leurs éléments primitifs, dans l’Égypte : et leur marche y put être rapide, parce que la curiosité oiseuse des prêtres physiciens n’avait pour aliment, dans la retraite des temples, que l’énigme toujours présente de l’univers ; et que, dans la division politique qui long-temps partagea cette contrée, chaque État eut son collège de prêtres, lesquels tour à tour auxiliaires ou rivaux, hâtèrent, par leurs disputes, les progrès des sciences et des découvertes.

« Et déjà il était arrivé sur les bords du Nil ce qui depuis s’est répété par toute la terre. À mesure que chaque système s’était formé, il avait suscité dans sa nouveauté des querelles et des schismes : puis, accrédité par la persécution même, tantôt il avait détruit les idoles antérieures, tantôt il se les était incorporées en les modifiant ; et les révolutions politiques étant survenues, l’agrégation des États et le mélange des peuples confondirent toutes les opinions ; et le fil des idées s’étant perdu, la théologie tomba dans le chaos, et ne fut