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LES RUINES.

« Et c’est ainsi que la divinité, après avoir été dans son origine l’action sensible, multiple, des météores et des éléments ;

« Puis la puissance combinée des astres considérés sous leurs rapports avec les êtres terrestres ;

« Puis ces êtres terrestres eux-mêmes par la confusion des symboles avec leurs modèles ;

« Puis la double puissance de la nature dans ses deux opérations principales de production et de destruction ;

« Puis le monde animé sans distinction d’agent et de patient, d’effet et de cause ;

« Puis le principe solaire ou l’élément du feu reconnu pour moteur unique ;

« C’est ainsi que la divinité est devenue, en dernier résultat, un être chimérique et abstrait ; une subtilité scolastique de substance sans forme, de corps sans figure ; un vrai délire de l’esprit, auquel la raison n’a plus rien compris. Mais vainement dans ce dernier passage veut-elle se dérober aux sens : le cachet de son origine lui demeure ineffaçablement empreint ; et ses attributs, tous calqués, ou sur les attributs physiques de l’univers, tels que l’immensité, l’éternité, l’indivisibilité, l’incompréhensibilité ; ou sur les affections morales de l’homme, telles que la bonté, la justice, la majesté, etc. ; ses noms mêmes, tous dérivés des êtres physiques qui lui ont servi de types, et spécialement du soleil, des planètes et du monde,