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LES RUINES.

de la nature, les premiers humains, antérieurs à tout événement, novices à toute connaissance, naquirent sans aucune idée, ni de dogmes issus de disputes scolastiques ; ni de rites fondés sur des usages et des arts à naître ; ni de préceptes qui supposent un développement de passions ; ni de codes qui supposent un langage, un état social encore au néant ; ni de divinité, dont tous les attributs se rapportent à des choses physiques, et toutes les actions à un état despotique de gouvernement ; ni enfin d’ame et de tous ces êtres métaphysiques que l’on dit ne point tomber sous les sens, et à qui cependant, par toute autre voie, l’accès à l’entendement demeure impossible. Pour arriver à tant de résultats, il fallut parcourir un cercle nécessaire de faits préalables ; il fallut que des essais répétés et lents apprissent à l’homme brut l’usage de ses organes ; que l’expérience accumulée de générations successives eût inventé et perfectionné les moyens de la vie, et que l’esprit, dégagé de l’entrave des premiers besoins, s’élevât à l’art compliqué de comparer des idées, d’asseoir des raisonnements, et de saisir des rapports abstraits.


§. I. Origine de l’idée de Dieu : culte des éléments et des puissances physiques de la nature.


« Ce ne fut qu’après avoir franchi ces obstacles et parcouru déjà une longue carrière dans la nuit