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CHAPITRE XXI.

toute cette doctrine ; car nous, s’il le faut, nous prouverons que vous n’en êtes que les plagiaires et les corrupteurs ; que vous n’êtes que les imitateurs de l’ancien paganisme des occidentaux, auquel vous avez, par un mélange bizarre, allié la doctrine toute spirituelle de notre Dieu ; cette doctrine dégagée des sens, entièrement ignorée de la terre avant que Boudh l’eût enseignée aux nations.

Et une foule de groupes ayant demandé quelle était cette doctrine et quel était ce dieu, dont la plupart n’avaient jamais ouï le nom, le lama reprit la parole et dit :

Qu’au commencement un Dieu unique, existant par lui-même, après avoir passé une éternité absorbé dans la contemplation de son être, voulut manifester ses perfections hors de lui-même, et créa la matière du monde ; que les quatre éléments étant produits, mais encore confus, il souffla sur les eaux, qui s’enflèrent comme une bulle immense de la forme d’un œuf, laquelle en se développant devint la voûte et l’orbe du ciel qui enceint le monde ; qu’ayant fait la terre et les corps des êtres, ce Dieu, essence du mouvement, leur départit, pour les animer, une portion de son être ; qu’à ce titre, l’ame de tout ce qui respire étant une fraction de l’ame universelle, aucune ne périt, mais que seulement elles changent de moule et de forme, en passant successivement en des corps