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CHAPITRE XXI.

prit de ces préceptes et la conduite de l’apôtre ; vous n’y verrez qu’un caractère rusé et audacieux, qui, pour arriver à son but, remue assez habilement, il est vrai, les passions du peuple qu’il veut gouverner. Il parle à des hommes simples et crédules, il leur suppose des prodiges ; ils sont ignorants et jaloux, il flatte leur vanité en méprisant la science ; ils sont pauvres et avides, il excite leur cupidité par l’espoir du pillage ; il n’a rien à donner d’abord sur la terre, il se crée des trésors dans les cieux ; il fait désirer la mort comme un bien suprême ; il menace les lâches de l’enfer ; il promet le paradis aux braves ; il affermit les faibles par l’opinion de la fatalité ; en un mot, il produit le dévouement dont il a besoin par tous les attraits des sens, par les mobiles de toutes les passions.

Quel caractère différent dans notre doctrine ! et combien son empire, établi sur la contradiction de tous les penchants, sur la ruine de toutes les passions, ne prouve-t-il pas son origine céleste ? Combien sa morale douce, compatissante, et ses affections toutes spirituelles n’attestent-elles pas son émanation de la Divinité ? Il est vrai que plusieurs de ses dogmes s’élèvent au-dessus de l’entendement, et imposent à la raison un respectueux silence ; mais par-là même sa révélation n’est que mieux constatée, puisque jamais les hommes n’eussent imaginé de si grands mystères. Et tenant d’une