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CHAPITRE XXI.

la guerre aux infidèles ; qu’à ce moyen, tout musulman devenant lui-même apôtre et martyr, jouissait, dès ce monde, d’une foule de biens ; et qu’à sa mort, son ame, pesée dans la balance des œuvres, et absoute par les deux anges noirs, traversait par-dessus l’enfer le pont étroit comme un cheveu et tranchant comme un sabre ; et qu’enfin elle était reçue dans un lieu de délices, arrosé de fleuves de lait et de miel, embaumé de tous les parfums indiens et arabes, où des vierges toujours chastes, les célestes houris, comblaient de faveurs toujours renaissantes les élus toujours rajeunis.

À ces mots, un rire involontaire se traça sur tous les visages ; et les divers groupes, raisonnant sur ces articles de croyance, dirent unanimement : Comment se peut-il que des hommes raisonnables admettent de telles rêveries ? Ne dirait-on pas entendre un chapitre des Mille et une nuits ?

Et un Samoyède s’avançant dans l’arène : Le paradis de Mahomet, dit-il, me paraît fort bon ; mais un des moyens de le gagner m’embarrasse ; car s’il ne faut ni boire ni manger entre deux soleils, ainsi qu’il l’ordonne, comment pratiquer un tel jeûne dans notre pays, où le soleil reste sur l’horizon quatre mois entiers sans se coucher ?

Cela est impossible, dirent les docteurs musulmans pour soutenir l’honneur du Prophète ; mais cent peuples ayant attesté le fait, l’infaillibilité de