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LES RUINES.

un dernier, le sceau et la perfection de fous, Mahomet, sur qui soit le salut de paix ; comment, afin que les infidèles n’altérassent plus la parole divine, la suprême clémence avait elle-même tracé les feuillets du Qôran : et détaillant les dogmes de l’islamisme, l’imam expliqua comment, à titre de parole de Dieu, le Qôran était incréé, éternel, ainsi que la source dont il émanait ; comment il avait été envoyé feuillet par feuillet en vingt-quatre mille apparitions nocturnes de l’ange Gabriel ; comment l’ange s’annonçait par un petit cliquetis, qui saisissait le Prophète d’une sueur froide ; comment, dans la vision d’une nuit, il avait parcouru quatre-vingt-dix cieux, monté sur l’animal Boraq, moitié cheval, moitié femme ; comment, doué du don des miracles, il marchait au soleil sans ombre, faisait reverdir d’un seul mot les arbres, remplissait d’eau les puits, les citernes, et avait fendu en deux le disque de la lune ; comment, chargé des ordres du ciel, Mahomet avait propagé, le sabre à la main, la religion la plus digne de Dieu par sa sublimité, et la plus propre aux hommes par la simplicité de ses pratiques, puisqu’elle ne consistait qu’en huit ou dix points : professer l’unité de Dieu ; reconnaître Mahomet pour son seul prophète ; prier cinq fois par jour ; jeûner un mois par an ; aller à la Mekke une fois dans sa vie ; donner la dîme de ses biens ; ne point boire de vin, ne point manger de porc, et faire