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dans la montagne de Maurienne. Il avait poussé là dans les sapinières, les romarins et les cyclamens, herbe sauvage et de maigre culture. Son esprit réfléchi, mais sans aucun brillant, s’était formé avec quelques vieux livres, sous la direction de son grand-père, le seul être qui l’eût jamais aimé. Ce vieillard, attardé dans l’autre siècle et imbu des doctrines de Saint-Martin, avait tourné le jeune esprit vers des spéculations dangereuses. Comme il arrive à ceux qui ont eu une enfance rude, en communication constante avec la nature, cette âme sensible et extrême était toujours ou toute en dedans, ou très loin au dehors par delà le réel. Elle croyait aux mondes intermédiaires ; et tandis qu’aucun mystère ne l’effrayait, elle avait la crainte de la vie pratique, qu’elle connaissait mal et dont elle attendait peu.

D’ailleurs, ce qu’il croyait et pensait,