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mains jointes devant elle : « Oh ! recevez-moi dans votre paix éternelle. Défendez-moi contre les vivans. Je me sens vôtre, faites-moi place au milieu de vous ! » Des têtes s’inclinèrent ; on lui sourit de partout ; des mains se tendirent, au toucher moins sensible qu’une haleine. Elles l’entraînaient vers la grande lumière, dans la galerie d’Apollon, où le cortège des nobles êtres se répandait devant lui. Mais la galerie s’effaçait. Les formes erraient dans l’espace blanc, sur l’eau du fleuve qui montait d’une crue lente, là où s’ouvraient tout à l’heure les fenêtres. Était-ce l’eau, la clarté liquide de la lune, ou celle de tous ces regards appuyés sur lui ? Il ne savait, il les suivait sur le chemin vague, perdu avec eux dans cet élément qui le pénétrait d’une fraîcheur délicieuse. Une chose lourde coulait sans relâche hors de lui : c’était de la souffrance ; une chose légère