Sur ce point se rejoignent également Kautsky, Plékhanov, Victor Adler et Heine. Victor Adler écrit que « cette dure époque, une fois révolue, notre premier devoir sera de ne pas se faire des chicanes ». Kautsky affirme que, « jusqu’à présent, des voix de sérieux socialistes ne se sont fait entendre d’aucune part, qui feraient craindre » pour le sort de l’Internationale. Plékhanov dit qu’il est « désagréable de serrer des mains (de social-démocrates allemands) maculées du sang d’hommes innocemment tués ». Mais il offre aussitôt l’« amnistie » : « il serait parfaitement opportun ici, écrit-il, de soumettre le cœur au bon sens. Au nom de son œuvre grandiose, l’Internationale devra tenir compte même des regrets tardifs ». Heine qualifie dans les Sozialistische Monatshefte16, la conduite de Vandervelde de conduite « courageuse et fière » et la cite en exemple aux gauches allemands.
En un mot, quand la guerre sera finie, nommez une commission composée de Kautsky et de Plékhanov, de Vandervelde et d’Adler, et une résolution « unanime » dans l’esprit d’une amnistie mutuelle sera rédigée en un tour de main. La controverse sera heureusement estompée. Au lieu d’aider les ouvriers à voir clair dans ce qui s’est passé, on les trompera au moyen d’une « unité » apparente paperassière. L’union des social-chauvins et des hypocrites de tous les pays sera appelée la reconstitution de l’Internationale.
Inutile de se le dissimuler : le danger d’une pareille « reconstitution » est très grand. Les social-chauvins de tous les pays y ont tous également intérêt. Tous ne veulent pas que les masses ouvrières elles-mêmes de leur pays voient clair dans la question de savoir : le socialisme ou le nationalisme. Tous ont également intérêt à se dissimuler mutuellement les péchés. Tous ne peuvent rien proposer que ce que propose Kautsky, ce virtuose de l’hypocrisie « internationale ».
Or, l’on ne se rend guère compte de ce danger. Nous avons vu, durant l’année de guerre, nombre de tentatives