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FLAMBEAUX ÉTEINTS


Vous fûtes le parfum du soir sur mon visage,
Et la volupté triste, et la tristesse sage.

Au hasard du Destin, vous fûtes tour à tour
La sereine tendresse et le mauvais amour.

Je vous prends et je vous respire, mes aimées,
Ainsi qu’une guirlande aux fraîcheurs embaumées.

Vous avez su tourner vers vous tous mes désirs,
Et vous avez rempli mes mains de souvenirs.

Je vous le dis, à vous qui m’avez couronnée :
« Qu’importent les demaîns ? Cette nuit m’est donnée !

« Qu’importe désormais ce qui passe et qui fuit ?
Nul vent n’emportera l’odeur de cette nuit. »

Vous avez dénoué mes cheveux, ô maîtresses
Qui mêliez en riant des roses à mes tresses !

Si bien que je n’ai plus sangloté de ne voir
À mon front ni léger pampre ni laurier noir.