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DU VERT AU VIOLET

II

Elle se réveilla, la petite noyée aux yeux de violettes, sous les baisers fluides d’une Sirène dont la chevelure l’enveloppait ainsi que des réseaux d’algues. Elle se réveilla sous le regard insaisissable des yeux verts, qui avaient la douceur perfide des ondes. Elle se réveilla sous le trouble sourire de la Sirène, dont la voix, pareille au son lointain des vagues sur les grèves crépusculaires, lui disait :

« Puisque tu nous as aimées assez résolument pour nous donner ton existence humaine, nous te donnerons à notre tour la ferveur de notre baiser. Vois, j’ai cueilli de mes mains, afin de parer tes cheveux, les perles qui sont les fleurs pâles de la Mer, et la nacre multicolore, et la grâce infinie des merveilleux coquillages. Ton repos sur le velouté du sable d’argent sera bercé par le