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CENDRES ET POUSSIÈRES


Puisque telle est la loi lamentable et stupide,
Tu te flétriras un jour, ah ! mon Lys !
Et le déshonneur hideux de la ride
Marquera ton front de ce mot : Jadis !
Tes pas oublieront le rythme de l’onde,
Ta chair sans désir, tes membres perclus
Ne frémiront plus dans l’ardeur profonde :
L’amour désenchanté ne te connaîtra plus !

Ton sein ne battra plus comme l’essor de l’aile
Sous l’oppression du cœur généreux,
Et tu fuiras l’heure étrange et cruelle
Où l’ombre pâlit le front des heureux.
Ton sommeil craindra l’aurore où persiste
Le dernier rayon des derniers flambeaux :
Ton âme de vierge amoureuse et triste
S’éteindra dans tes yeux plus froids que les tombeaux.