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Dénouant leurs cheveux fluides, les Sirènes,
Ceintes de la langueur et de l’ardeur des Morts,
S’approchent, un reflet de perles sur leurs corps.
Elles chantent, leur voix se mêle aux clairs accords
Des vagues et du vent… J’entrevois les Sirènes…
Elles chantent l’Amour qui corrode les veines
Comme un venin, et fait brûler le sang des Morts.

Elles chantent la paix de l’heureuse agonie,
Le sanglot nuptial dans l’ombre du Sommeil
Que ne pénètrent plus les flèches du soleil…
Elles chantent l’Amour qui s’apaise, pareil
Aux larmes sans douleur… Ah ! l’heureuse agonie,
Le lit où la couleur se mêle à l’harmonie,
Le flux et le reflux qui bercent le Sommeil…

Le vent m’emportera vers l’énigme des brumes…
J’irai, comme le mât d’un navire broyé,
Et j’abandonnerai mon âme de Noyé
Au rythme des remous, au velours déployé