Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la versification, et que, comme on peut faire des vers sans poésie, on peut aussi être poète sans faire des vers. Ce qui fait la poésie, ce n’est pas le nombre fixe et la cadence réglée des syllabes ; c’est la vivacité de la fiction, la magnificence des figures, la hardiesse des inversions, la beauté et la variété des images ; c’est je ne sais quel tour heureux de pensées et d’expressions que la nature seule peut donner. Or, tout cela peut se trouver dans une traduction en prose, au lieu qu’une traduction en vers ne saurait manquer de sacrifier souvent l’essentiel à l’accessoire, et d’altérer les pensées et les expressions de l’auteur, pour conserver les grâces de la versification. »

De ce raisonnement on doit conclure que, si une traduction en prose peut souvent égaler en poésie une traduction en vers, elle la surpassera toujours en exactitude : c’est aussi le sentiment de l’abbé Desfontaines que nous citerons ici, non