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vers, il n’y aurait, nous dira-t-on, que des hommes d’un talent supérieur qui osassent entreprendre une tâche aussi difficile. Qu’en résulterait-il ? Nous aurions, sans doute, peu de traductions en vers, mais elles seraient excellentes.

La question nous semble donc devoir être reproduite dans des termes tout différens. Est-il possible de bien traduire les poëtes en prose ? Or, cette question se réduit à celle-ci : Est-il possible d’être poëte en prose ? Assurément cela est possible ; et pour le prouver, il suffirait de citer le Télémaque et les Martyrs, dont la prose étincelle de toutes les beautés, de toutes les richesses de la poésie.

Mais à l’appui de notre opinion, nous croyons devoir rapporter celle d’un critique célèbre. Le P. Sanadon, dans la Préface de sa traduction d’Horace, s’exprime ainsi à ce sujet : « C’est une remarque judicieuse que l’on a faite après Aristote, Denys d’Halicarnasse et Strahon, que l’Épopée est indépendante de