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daims aux pieds agiles ; et dans l’ardeur qui l’emporte, il semble hors d’haleine. Tout à coup fondant sur lui des hauteurs d’alentour, l’oiseau qui porte la foudre le saisit dans ses serres recourbées, l’enlève et se perd dans les nues. Ses vieux gouverneurs tendent vainement au ciel des mains suppliantes, et ses chiens furieux font retentir les airs de leurs longs aboiemens. Celui dont la vitesse a mérité le second rang obtient une large cuirasse, tissue de mailles éblouissantes et d’un triple fil d’or. Énée l’arracha lui-même au fier Démolée, quand il le terrassa près du rapide Simoïs, au pied des murs de la superbe Troie : il en fait don à Mnesthée, pour lui servir dans les batailles et de parure et de défense. À peine deux robustes esclaves, Sagaris et Phégée, pouvaient-ils, sans ployer le dos, porter la pesante armure ; mais Démolée jadis, couvert de cette énorme égide, poursuivait à pied dans la plaine les Troyens dispersés. Le troisième prix est pour Gyas : Gyas accepte avec joie deux grands vases d’airain, et deux coupes d’un argent pur, ornées de reliefs élégans.

Ainsi comblés de largesses, et glorieux de leurs trophées, ils marchaient, le front ceint des ornemens de la victoire ; lorsque enfin, dégagé, non sans peine, de sa roche funeste, ses rames en éclats, un de ses ponts rompus, Sergeste, honteux, ramène, à travers les clameurs et les ris, sa galère sans honneur. Tel surpris sur la route, s’agite un serpent blessé dont une roue d’airain a meurtri les flancs, ou qu’une lourde pierre, lancée des mains du voyageur, a laissé sur la terre sanglant et déchiré : en vain