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un calme durable, il donne du haut de sa nef l’éclatant signal du départ. Soudain l’ancre est levée, l’aviron fend les ondes ; et la vergue, déployant ses ailes, emporte nos vaisseaux.

Déjà l’aurore au front de rose avait chassé les étoiles. Tout à coup on découvre, dans le lointain, des collines obscures, une terre à fleur d’eau ; c’est l’Italie. L’Italie ! l’Italie ! Tel est le cri d’Achate ; et de leurs joyeuses clameurs les Troyens saluent l’Italie. Alors Anchise prend une large coupe ; il la couronne de fleurs, la remplit d’un vin pur ; et debout sur la poupe, il invoque des dieux propices : « Divinités de la terre et des mers ! et vous, arbitres des tempêtes ! aplanissez les flots sous nos fortunés navires, et gonflez nos voiles d’un souffle favorable ! » Il dit ; le vent qu’il implore seconde nos désirs. Devant nous s’offre un port qui s’élargit à notre approche ; et sur les hauteurs voisines s’élève le temple de Pallas. On plie les voiles, et la proue s’élance au rivage. Le port, ouvert à l’orient, se dessine en arc sinueux. Contre ses pointes avancées, les vagues viennent briser leur impuissante écume : derrière, son bassin repose à l’abri des tourmentes. Deux rochers, pareils à deux môles, l’embrassent de leurs flancs recourbés, comme d’un double rempart ; et le temple qui les domine fuit dans l’éloignement.

Là je vis, pour premier présage, quatre coursiers aussi blancs que la neige, et qui paissaient en liberté dans les verts pâturages. Mon père alors : « Tu nous annonces la guerre, ô terre promise à nos vœux ! c'est pour la guerre que naissent les coursiers ; c’est