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bat nos murailles ; Neptune, de son trident redoutable en ébranle les fondemens, et fait trembler Pergame sur ses bases profondes. Ailleurs, l’implacable Junon tonne aux portes de Scée, et, le fer à la main, appelle au carnage les Grecs, complices de ses fureurs. Plus loin, sur ces tours qui chancellent, c’est Pallas entourée d’un nuage de feu, et secouant l’horrible Gorgone. Jupiter lui-même nourrit l’audace des Grecs, et les remplit d’une force inconnue ; lui-même il soulève les dieux contre les phalanges Phrygiennes. Fuis, ô mon fils, et mets un terme à tes pénibles labeurs. Vénus ne te quittera point ; Vénus te conduira sans péril aux foyers paternels. »

Elle dit, s’échappe, et se perd dans les ombres. Alors m’apparaissent ces divinités terribles, ces puissances de l’Olympe, acharnées contre Troie. Je crois voir Ilion tout entier s’abîmer dans les flammes, et ces remparts bâtis par Neptune s’écrouler de fond en comble. Tel sur les monts sourcilleux dominait un frêne antique, lorsque, la hache en main, des bûcherons viennent l’assaillir, et porter dans ses racines le tranchant du fer : long-temps l’arbre menace, et balance dans les airs sa tête vacillante : vaincu enfin par ses blessures, il crie, éclate, et tombe… les collines retentissent du fracas de sa chute.

Je descends ; et guidé par une main divine, je franchis impunément les feux et les rangs ennemis : devant moi les traits se détournent, les flammes reculent devant moi. Parvenu au palais d’Anchise, au séjour de mes aïeux, je vole d’abord vers mon père ; je veux