Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

souhaits de bonheur, de longue vie, le long règne. Elle avait échangé quelques propos aimables avec les plus âgés ou les plus importants des hôtes dont un certain nombre, ne quittant jamais leurs domaines, étaient des inconnus pour elle.

Des regards d’admiration et de joie attendrie s’attachaient à elle, suivant tous ses mouvements.

Elle était vêtue d’une robe de satin blanc aux larges manches bouffantes, ornée de broderies, de galons et de nœuds d’argent, qui éclairait son teint bistré, et prêtait à son corps d’adolescent une ampleur féminine. Pas un bijou, sauf un collier de perles qui soulignait son cou robuste. Ses cheveux relevés sur le front et retenus par un ruban d’argent retombaient en boucles sur ses épaules. Ses traits et ses grands yeux n’avaient jamais brillé d’une joie plus enfantine.

— Qu’elle est belle, notre petite reine ! entendait-on.

— Et bonne et charmante, Dieu la bénisse !

— Et moi qui avais entendu dire qu’elle était fière et dédaigneuse !

— On la disait également peu féminine, un vrai garçon ! Et la voilà si femme dans son printemps épanoui !

— Vingt ans ! Quand nous amènera-t-elle l’époux de son choix ? — Quel est donc, derrière elle, ce beau cavalier, entre Erick Oxenstiern et Charles-Gustave ?

— Je ne le connais pas. Et vous autres ?

— Quelle élégance ! Quelle fière mine ! Serait-ce un prince étranger ? Il n’a pas les manières de chez nous…

— La suivante de Christine, Ebba Sparre, est bien jolie aussi dans sa robe du même bleu que ses yeux !

— La plus ravissante des miniatures ! Mais elle n’a pas la majesté de sa maîtresse.

Parvenue à l’extrémité d’une galerie où ne se trouvaient que de rares danseurs, la reine tourna brusquement dans un long passage à peine éclairé et, relevant à deux mains sa longue jupe, se mit à courir en criant :

— Qui m’aime me suive ! Voilà le pensum terminé ! Au diable ma Majesté ! Il n’y a plus ici que Christine !