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VIII


Dès lors Christine fut entièrement élevée par des hommes.

Gustave-Adolphe avait dit avant de quitter la Suède pour la dernière fois :

— Instruisez Christine comme un garçon. Qu’elle sache tout ce dont un prince a besoin pour régner.

Quand elle eut dix ans, les cinq régents, le Gouverneur, le Chancelier Axel Oxenstiern, le comte Per Brahe, sans compter le précepteur Jean Matthiae, assis autour d’une table ronde, rapprochèrent donc leurs têtes grisonnantes pour élaborer un programme idoine.

Le gouverneur, qui était général, parla le premier, d’une voix péremptoire, comme sur le front des troupes :

— Écartez de Sa Majesté les entretiens peu honnêtes, propices à des sentiments dangereux ou à de mauvaises mœurs. Aucun livre pernicieux sur sa table. Une seule lecture : la Bible, celle que Luther donna à son aïeul !

Le vieux brave se tut, caressant sa forte moustache, tandis que derrière ses épaules, les membres du Conseil échangeaient des sourires.

— Naturellement, elle doit savoir lire, écrire et calculer… commença l’un.

— Qu’est-ce que cela ? continua un autre. Il lui faut lire, écrire, parler non seulement le grec et le latin, mais les langues des grands pays : français, allemand, italien, espagnol…

— Ne pas oublier l’histoire qui est l’étude la plus importante pour un prince…