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VI


Gustave-Adolphe, en effet, allait partir en campagne. La guerre continuait à se déchaîner sur l’Europe. L’Allemagne devait, pendant trente ans, servir de champ de carnage à tous les chevaliers de fortune, à tous les reîtres bottés d’Europe. Quel prétexte ? Des deux côtés la croisade. Papistes et protestants s’affrontaient. C’est au nom du Christ d’amour, de leur Christ dont chaque parti revendiquait sauvagement l’exclusive possession, que les hommes d’armes se massacraient, que les campagnes étaient piétinées, les villages brûlés, pillés, les paysans pendus.

Mais d’un côté, il y avait l’Empire catholique, avec l’Empereur et son ambition déchaînée. Il escamotait royaumes, provinces et villes, résolu à les annexer et jurant d’en exterminer les hérétiques.

C’est à bon escient que les protestants s’alarmaient. Si l’Empire triomphait, que deviendraient leurs libertés, aussi bien civiles que religieuses ? Ils seraient esclaves par la perte de leurs domaines et de leurs territoires comme par la violation de leurs consciences.

Ils appelèrent à leur secours le grand Gustave-Adolphe. N’était-il pas le chef des protestants, le gendre de l’Électeur de Brandebourg victime de la convoitise de l’Empereur ? Ne pouvait-il en outre obtenir l’aide matérielle et la sympathie du roi catholique de la France et du cardinal de Richelieu, son ministre, qu’inquiétaient les appétits effrénés de l’Empire.

— Au fond, je ne me plais que dans les camps, disait le roi de Suède à ses compagnons d’armes. Mes lauriers de Pologne et de Russie sont déjà desséchés. Il m’en faut de frais pour les rapporter