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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

sans violence. Elle voulait et ne voulait pas. Sur son visage, dans ses grands yeux expressifs se confondaient et luttaient la fierté, la confusion, le désir, un désir qui s’ignorait mais dont la langueur vaincue la trahissait.

Magnus en reconnaissait les signes avec transport. « Elle est à moi », pensait-il orgueilleusement. Il n’osait néanmoins poursuivre ses avantages car la colère de Christine soudaine et foudroyante pouvait être mortelle.

— Oui, aimez-moi, je ne m’y oppose pas, fit-elle. Mais sachez vous contenir. Vous n’ignorez pas à quel décorum nous sommes tenues, nous qui devons donner l’exemple au peuple… Laissez-moi le temps de réfléchir…

— Et votre déplaisir tout à l’heure ?

— Ne vous suffit-il pas que je l’oublie ?

— Ô la plus chère des souveraines !

Mais Christine, soudain désenvoutée, redressée maintenant de toute sa hauteur, congédiait le jeune homme d’un geste sans appel. Ce n’était plus la joyeuse camarade des premiers jours, ni l’amoureuse domptée qui, un instant, avait faibli. C’était la reine.