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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

Le danneman Larsson attendait debout sur le seuil de sa porte. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, à la haute stature, aux traits frustes et hâlés, au regard infiniment clair, avec un grand air de fierté.

Il s’avança vers Christine et, s’inclinant profondément, il lui baisa la main :

— Vous êtes la bienvenue sous mon toit, Mademoiselle et reine, lui dit-il.

Et s’effaçant avec une grâce rustique :

— Cette maison, Mademoiselle, est la vôtre et celle de vos amis.

Elle entra dans la vaste pièce qui occupait l’unique étage et qu’agrandissait encore une terrasse extérieure, abritée par le toit comme dans les chalets suisses.

Au centre, un poêle de faïence répandait une chaleur égale. Une grande table, couverte d’une nappe de grosse toile blanche, de vaisselle de faïence, de cuillers et fourchettes et de brocs d’étain, attendait les convives. Sur le sol de terre battue, des branches de sapin formant tapis emplissaient l’air de leur salubre arôme. Tout brillait de propreté.

Les deux filles du danneman, grandes, brunes, comme il arrive souvent dans cette région, multipliaient les révérences et les sourires. Elles portaient le costume du pays, jupe et corselet de velours d’où sort une blouse de broderie blanche ; elles étaient coquettement coiffées de nattes en diadème et parées de riches bijoux d’or massif.

Elles s’empressèrent autour des invités qui se mirent à dêvorer gaîment les mets simples et savoureux qui les attendaient. Saumon fumé, coqs de bruyère rôtis, beurre de renne au goût de noisette, navets au sucre, confitures exquises de fraises et de framboises des bois. Des brocs d’étain contenant du petit lait d’une fraîcheur aigrelette ou de la forte bière brune brassée dans la maison alternaient sur la table. Et deux ou trois fois, au cours du repas, les jeunes gens avalèrent d’un seul coup de grands verres de la forte eau-de-vie blanche du pays, accompagnés des rites traditionnels du skaul.