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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

— Ah ! Madame, peut-être est-il moins chaud, mais sa lumière est incomparable, une fée qui transforme le pays en un palais d’or, d’argent et de pierreries où règne une petite déesse de cristal.

La route s’enfonçait maintenant dans une forêt de grands pins aux branches si épaisses et serrées que la neige n’avait pu les traverser. Des stalactites blanches y étaient suspendues comme, aux branches d’un arbre de Noël.

— Nous avons quitté le royaume des trolls du lac, fit-il, ces malfaisants lutins, pour celui des Kobolds des forêts, les gentils petits nains qui aiment les hommes et cherchent toutes les occasions de leur rendre service.

La route, d’abord large et blanche, se rétrécissant peu à peu, n’était plus guère qu’une piste au moment où l’on attaqua la montée. Les chevaux s’ébrouaient au bord des ravins, trébuchaient sur des arbres abattus en travers de la piste, glissaient le long des pentes, à la suite du vaillant petit traîneau tanguant où la jolie Ebba, fatiguée, dormait comme un enfant dans son berceau.

Tout à coup, celui-ci versa dans la neige. Jacob s’élança et recueillit dans ses bras Ebba qui, ayant roulé sans dommage sur l’épais matelas de neige, ouvrait innocemment ses grands yeux surpris. — Pourquoi suis-je tombée de mon lit ? Et que faites-vous dans ma chambre, Jacob ?

L’accident se termina par un fou-rire.

On aperçut alors une fumée bleue, ondulant au-dessus des arbres.

— Elle vient de l’habitation, ou plutôt du gaard, du danneman Larsson, là-haut sur cette terrasse de rocs, explique Christine. La maison elle-même apparut bientôt, large et basse, construite en troncs d’arbres enchevêtrés et capitonnés de mousse, surmontée d’un toit plat dont on avait balayé la neige.

Comme tous les toits des fermes et des maisons de faubourgs, dans les villes, il était recouvert d’une couche de terre où poussait une herbe encore fraîche vers laquelle les chevaux allongèrent les lèvres. En été, ce sont des parterres de fleurs dont les vives couleurs rivalisent avec la façade gaîment peinte en rouge, les volets et les portes peints en blanc. Et rien n’est gracieux comme ces jardins suspendus.