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III
AVERTISSEMENT.

est à remarquer que ce travail procède d’un phénomène unique dans les annales littéraires de la France, de la réunion de vingt poètes nés sous le chaume des campagnes ou dans les échoppes des villes. Cette irruption soudaine des classes laborieuses sur le domaine privé de la littérature devait éveiller de puériles susceptibilités, de ridicules jalousies. De là des antipathies calculées et des hostilités ouvertes. La politique elle-même, cette Diane chasseresse des temps modernes, flaira la piste de ces audacieux intrus, et il ne tint pas à elle qu’ils n’aiguisassent quelques bonnes flèches.

Nos Poètes du Peuple, tous imbus du sentiment religieux, sont tous animés d’un esprit de charité universelle. S’il leur arrive parfois de déplorer leurs misères personnelles, ils s’oublient bientòt eux-mêmes pour ne s’occuper que des souffrances de leurs frères ; loin de s’emporter contre la rigueur de leur sort, ils se montrent calmes, patients, résignés, parce qu’ils espèrent.

Ce livre offre donc une lecture essentiellement morale ; il doit encore exciter l’intérêt par la variété des événements de ces existences semées d’épreuves et d’orages. Le récit est aussi animé par les citations de leurs