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De 1420 à 1440, les gens de pied portaient aussi des cottes d’étoffe par-dessus le jacque de mailles ou de peau piquée, dont les manches ne couvraient que les arrière-bras. Ces cottes étaient larges sur la poitrine, très-courtes de jupe, avec manches amples (fig. 11[1]). Un camail de mailles recouvrait les épaules par-dessus la cotte fendue par devant aux manches et des deux côtés de la taille. Parfois ces jupes descendaient aux genoux, et leurs pans étaient relevés dans la ceinture pour combattre.

Vers le milieu du xve siècle, les hommes d’armes adoptèrent des plastrons de fer sur lesquels une étoffe peinte était marouflée, afin d’éviter la rouille et l’action du soleil sur le métal poli. Cette mode, fort usitée en Italie, se répandit en Occident et en Allemagne ; elle dispensait du port de la cotte, qui devait gêner un peu les mouvements ou s’embarrasser dans les pièces d’armure. D’ailleurs les hommes de pied portaient des guisarmes ou des fauchards avec lesquels ils accrochaient les cottes des cavaliers, afin de les désarçonner pendant la mêlée. On cherchait donc à ne présenter dans l’armure que des surfaces lisses et qui ne donnassent aucune prise : c’était une des raisons qui avaient fait abandonner les baudriers lâches et qui avaient fait adopter les braconnières, les tassettes, les colletins.

Depuis que l’infanterie comptait pour quelque chose, le cavalier n’avait pas seulement à se préserver des coups de lance, d’épée ou de masse, mais aussi des armes offensives (bâtons) de ces fantassins,

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Froissart, Chroniques (1440 environ).