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à genoux ; deux anges encensent. Le volet de droite représente les trois mages, celui de gauche la circoncision.

La zone centrale contient le crucifiement de Notre-Seigneur entre les deux larrons, la Vierge et saint Jean, l’Église et la Synagogue.

Dans la zone supérieure, le Christ est ressuscité ; il est assis demi-nu, et montre ses plaies. A droite et à gauche, la Vierge et saint Jean, à genoux, intercèdent pour les humains ; deux anges tiennent les instruments de la passion, deux autres réveillent les morts au son de l’olifant. A droite, un évêque est conduit par un ange en paradis ; à gauche, les damnés sont précipités dans la gueule béante de l’enfer par deux démons. Le sommet de cette imagerie est décoré de fins pinacles et de gables ornés de crochets, de rosaces et de fleurons. Cet ensemble n’a pas plus de 0m,25 de large sur 0m,22 de haut environ, et les figurines sont traitées de main de maître.

Les images portatives de bois ou d’ivoire n’avaient pas toujours un caractère religieux ; il en existe qui étaient évidemment destinées seulement à récréer les yeux, et qui représentent des jeux, des chasses, des passe-temps de nobles et de damoiselles : mais ces sculptures sont comparativement en petit nombre. (Voyez à la fin du Dictionnaire du mobilier, le Résumé historique.)

Au XVIe siècle, les images d’ivoire à volets, si fort prisées jusqu’alors, furent remplacées par des images peintes sur émail par les artistes de Limoges. Il existe, au musée de Cluny, une image fort précieuse exécutée d’après ce procédé, ayant appartenu à Catherine de Médicis, et sur laquelle est représentée cette princesse à genoux devant un prie-Dieu : c’est un des meubles les plus remarquables que possède cette riche collection.

Nous ne devons pas omettre ici les images ouvrantes si fort en vogue pendant les XIIe et XIIIe siècles. On donnait ce nom à des statues ou statuettes qui s’ouvraient par le milieu, et laissaient ainsi voir dans leur intérieur, soit des reliques, soit des scènes sculptées. Le musée du Louvre possède une image de ce genre extrêmement précieuse à cause de la beauté du travail. C’est une statuette de la sainte Vierge, d’ivoire, dont nous donnons une copie (fig. 3), au tiers de l’exécution. La statue est représentée de face en perspective, de profil en géométral. Ces deux aspects A et B font voir comment s’ouvre l’image en trois parties : les deux composant la face se développent des deux côtés de celle qui forme le fond ; quznd l’image est ouverte, le socle, qui est fixe, laisse une saillie représentant