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[ FORME ]
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franges attachées aux barres horizontales, suivant un usage assez répandu à la fin du XVe siècle, au moyen de bandes de fer battu étamé clouées sur le bois ; plus tard encore, les bandes de fer sont remplacées par des galons de passementerie. Ces petites franges se retrouvent sur les bois des fauteuils jusque vers le milieu du XVIIe siècle.

FORME, s. f. (fourme). Mot qui s’emploie quelquefois comme chaire (siége), mais plus généralement comme banc divisé en stalles, avec appui, dossier et dais. On donnait aussi le nom de fourmes aux stalles des églises. Nous n’avons pas à nous occuper ici des stalles fixes, qui sont immeubles ; nous ne parlerons que des bancs divisés par des appuis, qui conservent le caractère d’un meuble pouvant être déplacé. Nous avons dit ailleurs déjà que les siéges étaient, pendant le moyen âge, de formes et de dimensions très-variées. Les grand salles des châteaux étaient destinées à divers usages ; c’était là qu’on recevait, qu’on assemblait les vassaux, que la famille se réunissait, qu’on donnait les grands repas, que le seigneur rendait la justice. La grand salle était ordinairement terminée à l’une de ses extrémités par une estrade sur laquelle étaient disposées des formes de bois plus ou moins richement décorées et tapissées, servant de siége au chef de la juridiction seigneuriale et à ses assesseurs. Ces siéges avaient la forme d’un banc continu, mais où chaque place était marquée par une séparation ; habituellement la forme centrale était plus élevée que les autres.

La forme est un siége d’honneur ; elle n’est pas toujours accompagnée du dais, mais elle possède un dossier.

Les peintures murales, les vignettes des manuscrits et les bas-reliefs des XIe et XIIe siècles, nous présentent des formes généralement dépourvues de dais, mais divisées par stalles avec dossier. Pendant l’époque romane, et jusqu’à l’entier développement du style adopté au XIIIe siècle, ces siéges à plusieurs places sont massifs et ne pouvaient se transporter facilement. S’ils sont de bois, ils paraissent taillés et sculptés à même d’énormes pièces de charpente. Ce n’est pas par l’élégante combinaison des différents membres de la menuiserie que ces meubles se font remarquer, mais bien plutôt par l’éclat des peintures ou des étoffes dont ils sont couverts. S’ils se composent de riches matières, telles que l’ivoire, des bois précieux, de l’or, de l’argent, ou même de l’étain, leur caractère général conserve une certaine lourdeur en harmonie avec le style adopté dans l’architecture ; mais ils se couvrent de dessins très-fins obtenus par des incrustations ou de la marqueterie.