Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée
[ FAUTEUIL ]
— 111 —

tribua, nous le croyons, autant que les traditions romaines, à conserver le faudesteuil comme un siége d’honneur chez les grands, à cause de la facilité avec laquelle on pouvait le transporter et le monter en tous lieux ; alors on tenait à ce qu’il fût assez élevé pour dominer une assemblée de personnes debout. Plus tard, en conservant la forme traditionnelle de pliant donnée au faudesteuil, ces meubles n’étant plus sans cesse chargés sur des chariots ou sur des bêtes de somme, on les fit plus larges et on les posa sur une estrade, où ils furent accompagnés d’un escabeau, sur lequel les pieds du personnage s’appuyaient. « L’escabeau, dit Guillaume Durand[1], ou marchepied (scanellum) (qui accompagne le faudesteuil), désigne la puissance temporelle, qui doit être soumise à la puissance spirituelle… » C’est possible ; mais il devient un appendice obligé des fauteuils laïques aussi bien que des trônes épiscopaux dès le XIIe siècle.

La figure 2 nous montre un roi assis sur un faudesteuil, avec un large escabeau en avant[2]. Ce siège est fort élevé, et présente cette particularité que les deux montants de derrière sont beaucoup plus hauts que ceux de devant ; ce n’est plus là, par conséquent, un meuble facile à transporter. Au XIIe siècle déjà, le trône dit de Dagobert avait été restauré par Suger, et de pliant était devenu rigide, au moyen de l’adjonction d’un dossier de bronze[3].

  1. Rational, lib. II, cap. xi.
  2. Bible franç., manuscr. de 1294, no 35, biblioth. du Corps législatif.
  3. Voyez les Mélanges archéol. des RR, PP. Martin et Cahier.