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[ FAUTEUIL ]
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FAUTEUIL, s. m. (fadesteuil, faudesteuil, faudestuef, faudestuel[1]), C’est un pliant de bois ou de métal que l’on pouvait transporter facilement, et qui, recouvert d’un coussin et d’une tapisserie, servait de siège aux souverains, aux évêques, aux seigneurs : c’est à proprement parler un trône. Le plus ancien de ces meubles connu est certainement le fauteuil dit de Dagobert, conservé dans le Musée des Souverains, provenant du trésor de Saint-Denis, et dont la fabrication est attribuée à saint Éloi. Nous ne reviendrons pas sur ce qui a été dit à propos de ce précieux meuble par M. Ch. Lenormant[2] ; la notice de ce savant archéologue est aussi complète que possible, et nous paraît prouver, de la manière la plus évidente que le trône de Dagobert appartient aux premiers temps mérovingiens, et n’est pas, comme on l’a prétendu, une chaise consulaire antique. Cette forme de siège se trouve d’ailleurs reproduite dans les manuscrits d’une époque fort reculée (VIIIe, IXe et Xe siècles), et persiste jusqu’au XVe siècle. Que le faldistorium soit une tradition antique, cela ne peut être nié ; mais le moyen âge en fit de nombreuses applications, et le fauteuil fut toujours considéré comme un siège d’honneur. « Le fauteuil de l’évêque, dit Guillaume Durand[3], désigne la juridiction spirituelle qui est annexée à la dignité pontificale… »

 « El faudestuel ont Aymeri assis
« Et la contesse jostc l’Empereriz.
« …[4] »

 « El faudestuef d’or l’aserront,
« Illuecques le couronneront.
« …[5] »

  1. « Faldisrorium, sella plicatilis… » (Du Gange, Gloss.) — « Unam cathedram, quam faudestolam vocant… » (Matth. Paris, in Vitis abbat. S. Albini.)
  2. Mélang. d’archéol. par les RR. PP. Martin et Cahier, t. 1, p. 157. Et à la suite de la notice de M. C. Lenonnant, la gravure fidèle du fauteuil de Dagobert.
  3. Rational, lib. II, cap. xi.
  4. Guill. d’Orange, vers 2858 et suiv., édit. de la Haye, 1854.
  5. Le Lusidaire, manuscr.