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du doigt des panneaux qui, à distance, produisent un excellent effet, et d’être surpris des moyens employés par les artistes verriers pour obtenir cet effet, des exagérations, des tricheries qu’ils se sont permises.


Les figures qui paraissent les plus parfaites sont, vues de près, d’une étrangeté singulière, au point de vue du dessin rigoureux. Des parties de ces figures sont d’une maigreur hors de toute proportion, d’autres sont dessinées avec exagération ; des gestes sont forcés jusqu’à l’impossibilité, des traits accusés jusqu’à la charge. Le panneau de Bourges que nous donnons fig. 17 et 20, et dont l’aspect est excellent à distance, présente de près tous les moyens d’exécution forcés que nous signalons. La tête, figure 20, est, sous ce rapport, une des œuvres les plus intéressantes à étudier. Il fallait une longue pratique de ces effets de la lumière et de la distance pour en arriver à cette exagération de la forme, à ces hardiesses justifiées par l’effet obtenu. Il est clair que plus les sujets sont compliqués et les scènes vives, plus les artistes ont dû recourir à ces procédés qui consistent à jouer avec la lumière pour obtenir un effet voulu ; car dans les figures d’une composition simple ils sont restés bien plus près de la réalité. Le personnage que nous donnons ici (fig. 27) est dans ce dernier cas[1]. La peinture sur verre est le tracé A, l’apparence à distance est le tracé B. Les plombs se fondent dans la lumière ; la dureté des traits disparaît et compose un modelé doux et clair. Cependant les demi-teintes comme les ombres sont posées à plat, sans être fondues ;

  1. Des panneaux de la sainte Chapelle.