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[trumeau]
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de la grandeur à la composition. Cette statue était surmontée d’un dais qui fut refait vers la fin du XIIIe siècle, ainsi que le montre notre figure. À l’église Notre-Dame de Dijon, qui date de la même époque[1], et qui a beaucoup de points de ressemblance avec celle de Semur, le trumeau de la porte centrale, très-mince, se compose d’une colonnette à l’extérieur ; portant la statue, et d’une seconde colonnette plus haute intérieurement, formant battement (voyez la section, fig. 6, en A, faite au niveau de l’adossement de la statue). Sur le fût de la colonnette intérieure est sculptée une tête servant de gâche aux verrous des deux vantaux. Ce détail, d’un travail remarquable, indique le soin que les artistes apportaient jusque dans les menus accessoires, comme ils savaient prévoir les moindres nécessités de la structure et en faire un motif de décoration. La pierre employée ici étant d’une extrême dureté, l’architecte a réduit autant que possible la section du trumeau. La qualité des matériaux employés a donc évidemment influé sur la forme de ces piliers séparatifs des baies de portes. Quelquefois un bénitier tenait au trumeau, à l’intérieur, si celui-ci était assez profond pour permettre le dégagement des deux vantaux.

Pendant le XIVe siècle, la forme donnée aux trumeaux de portes se modifie peu ; le principe admis dès le XIIIe siècle persiste, c’est-à-dire que la pile se compose d’un soubassement plus ou moins riche sur lequel se dresse une statue adossée, surmontée d’un dais (voyez Porte). On voit de beaux trumeaux séparatifs aux portes des cathédrales de Paris, d’Amiens, de Chartres, de Bourges, de Rouen. À dater de la fin du XIVe siècle, les trumeaux ne s’arrêtent pas toujours sous les linteaux ; ils pénètrent le tympan, présentent une décoration saillante sur celui-ci, qui prend beaucoup d’importance. Tels sont, par exemple, les trumeaux des portes de la façade de la cathédrale de Tours qui datent du commencement du XVIe siècle, ceux des églises de Saint-Eustache de Paris, de Saint-Wulfrand d’Abbeville, etc. Les articles Porte et Tympan rendent compte de ces dispositions, qui appartiennent à la fin du XVe siècle.

  1. 1230 à 1240.