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croix que portent deux anges (le Fils), par le Père sous forme d’un homme jeune, et l’Esprit en colombe. Mais les artistes prétendirent identifier les trois personnes divines, afin de faire comprendre aux fidèles à la fois leur individualité et leur réunion en une seule puissance. Il existe, sous le porche occidental, non terminé, de Saint-Urbain de Troyes, un bas-relief de bois datant des dernières années du XIIIe siècle, qui représente la Trinité (fig. 1) Le Père est au milieu, coiffé de la tiare à triple couronne, comme un pape ; de la main droite, il bénit ; de la gauche, il tient la terre. À sa droite est le Fils couronné d’épines et portant la croix. À sa gauche, l’Esprit, sous la figure d’un jeune homme imberbe, tenant une colombe. Ces trois personnages n’ont ensemble que quatre jambes, adroitement drapées de façon à faire croire qu’ils en ont deux chacun. De petites figures d’un homme et d’une femme agenouillés (les donateurs) sont sculptées aux deux extrémités du groupe. L’impossibilité de séparer les trois personnes divines est ainsi matériellement indiquée par la disposition des jambes. Quelquefois la Trinité est représentée sous la forme d’un homme ayant une tête à trois visages, une de face et deux de profil, et deux yeux seulement ; ou bien encore, c’est une figure géométrique ainsi disposée (fig. 2).


Ce triangle mystique était visible encore sur la façade d’une maison de Bordeaux, il y a peu d’années. Des vitraux, des vignettes de manuscrits, le représentent assez fréquemment pendant les XVe et XVIe siècles. À la même époque, dans beaucoup de portails d’églises, la Trinité se montre ainsi : Le Père assis, coiffé de la tiare, tient le Christ en croix devant lui. De la bouche du Père descend