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cées géométriquement. C’était une première tentative vers une forme de voûtes non encore admise. Trente ans plus tard, vers 1132, on élevait le porche de la même église (voyez en P) ; les travées de ce narthex, un peu plus larges que celles de la nef, portent sur des piles dont la section est semblable à celles B. De même que dans la nef, des arcs-doubleaux sont bandés au droit de chacune des piles, soit sur la partie centrale, soit sur les collatéraux, mais ces arcs-doubleaux sont en tiers-point[1]. Les formerets ont leur naissance au même niveau que celle des arcs-doubleaux. Il en résulte que, la travée étant barlongue, les clefs de ces formerets sont beaucoup au-dessous des clefs de ces arcs-doubleaux. La voûte fermée sur cet espace est annulaire, d’un arc-doubleau à l’autre, pénétrée par des ellipsoïdes dont les formerets sont une section. Cela pouvait être défini géométriquement, et ce système présentait une parfaite solidité. D’ailleurs des voûtes d’arête rampantes, bandées sur la galerie du premier étage[2], contre-butent parfaitement la voûte centrale. Deux des voûtes de ce porche, de la même époque que les autres, possèdent même déjà des arcs ogives. Le constructeur, en fermant ces voûtes d’après la méthode que nous venons d’indiquer (fig. 4, P), sentait bien que, tout en se rapprochant d’un corps ellipsoïde, elles possédaient cependant des arêtes saillantes (ces voûtes étant bâties de moellons irréguliers) maintenues seulement par l’adhérence des mortiers ; que, par conséquent, il y avait à bander sous ces arêtes un cintre permanent de pierre, remplaçant le cintre provisoire de charpente destiné à les maçonner. C’était donc un acheminement vers la voûte en arcs d’ogive. Mais revenant à notre figure 2, on allait, dans d’autres provinces, déduire de ce système mixte d’arcs et de lambris un mode complet de voûtes, sur un principe absolument neuf, mode qui devait se fondre bientôt avec celui qu’inaugurait le porche de l’église abbatiale de Vézelay. C’est en 1150 que l’évêque Baudouin II, comme on sait, entreprit la reconstruction de la cathédrale de Noyon, qui fut achevée bien avant la fin du XIIe siècle. En 1293, un violent incendie réduisit en cendres la ville et, dit la chronique, la cathédrale de Noyon. Il est clair que les charpentes seules furent brulées et que les voûtes furent peut-être altérées. Aussi les voûtes de la nef, ainsi que l’indiquent les profils des arcs et leur genre de construction, appartiennent-elles à cette dernière époque. À l’origine, c’est-à-dire au XIIe siècle, ces voûtes, comme beaucoup d’autres datant de cette époque, avaient leurs arcs ogives bandés de deux en deux piles avec un arc-doubleau simple intermédiaire (fig. 5). La pile intermédiaire qui, dans la figure 2, porte seulement la ferme de charpente divisant en deux l’espace entre les arcs-doubleaux, portait alors l’arc-doubleau intermédiaire destiné à

  1. Voyez Construction, fig. 19, la coupe de ce porche. Voyez Porche et Ogive, fig. 3, 4 et 5.
  2. Voyez la coupe.