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[transsept]
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rompt pour laisser la place de la rose, simplement garnie d’une armature de fer[1]. Le passage sous cette rose est porté sur deux colonnettes et trois arcs bombés.

Un autre passage inférieur se trouve entre ces colonnes et le fenestrage du rez-de-chaussée. La chapelle du croisillon s’ouvre en face du collatéral de la nef qui ne pourtourne pas le sanctuaire, de telle sorte que chacun de ces croisillons laisse un espace libre et tranquille pour les fidèles assistant aux offices dits dans ces chapelles. C’est bien là une disposition convenable pour une église paroissiale de peu d’étendue. Le plan horizontal explique parfaitement l’heureuse composition du transsept de l’église paroissiale de Notre-Dame de Dijon.

Mais ce plan est, à un autre point de vue, intéressant à étudier. Quand on veut connaître une architecture, il ne suffit pas d’en apprécier le style, d’en analyser les formes et les moyens pratiques ; il est nécessaire de découvrir les principes généraux qui ont servi à la constituer, à lui donner l’homogénéité résultant de l’emploi d’une méthode. C’est en prétendant étudier l’architecture des anciens, indépendamment de ces lois primordiales, que l’on est tombé dans les plus graves erreurs et que l’anarchie s’est emparée des esprits en raison même de l’étendue de ces études. On nous dit parfois, il est vrai, que ce que nous appelons anarchie, absence de méthode, n’est autre chose qu’une inspiration pleine de promesses, et que l’art de l’avenir sortira tout armé, quelque jour, de ce chaos de styles et de formes adoptés sans critique et sans examen. Cette espérance n’est, suivant notre sentiment, qu’illusion ; car les travaux de l’esprit n’atteignent un développement qu’autant qu’ils reposent sur un principe ayant toute la rigueur d’une formule. Quand cette base est bien établie, que l’artiste se livre à l’inspiration

« S’il a reçu du ciel l’influence secrète. »

C’est pour le mieux ; mais il lui faut s’appuyer sur un terrain solide, pour pouvoir s’élever.

Quand il s’agissait de couper les nefs d’une basilique par ce transsept et de couvrir le tout avec des charpentes, ou bien quand des rangs de piliers étaient destinés à porter des berceaux de voûtes, le tracé d’un transsept ne présentait point de sérieuses difficultés : il en était autrement lorsque le système français d’architecture à voûtes en arcs d’ogive fut définitivement adopté au commencement du XIIIe siècle ; alors ces tracés demandaient une attention particulière. Il fallait songer aux poussées qui allaient agir en tous sens ; dégager ces espaces qui demandaient des points d’appui d’autant plus solides, qu’ils étaient plus larges ; combiner l’arrivée des bas côtés dans cette grande nef transversale de manière que leur ordonnance s’accordât avec les croisillons ;

  1. Voyez Armature, fig. 6 et 7.