Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 9.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[toiles]
— 20 —

rains eux-mêmes manquaient toujours d’argent, leur permettaient de prêter des sommes importantes : il est à croire que ce n’était pas sans intérêts. Une pareille situation leur créa de nombreux et puissants ennemis, et le jour où Philippe le Bel, qui était parmi leurs débiteurs, se décida à les faire arrêter et à leur intenter le plus inique et le plus monstrueux procès, le roi eut pour lui l’opinion de la féodalité, du clergé et des établissements monastiques. Le mystère dont s’entouraient les templiers prêtait merveilleusement aux accusations absurdes auxquelles ils furent en butte. Il est certain que l’ordre des Templiers, la Palestine perdue, devenait pour les États de l’Occident un grand embarras, sinon un grand danger. Le coup d’État qui supprima cet ordre délivra le pouvoir suzerain d’un des nombreux périls qui l’entouraient, mais lui enleva dans l’opinion du peuple une partie de la foi en sa justice et en sa grandeur morale que Louis IX avait su imposer à toutes les classes du pays.

THÉATRE, s. m. Pendant le moyen âge, il n’existait pas de locaux destinés aux représentations scéniques. Les mystères, les farces et mômeries, les chansons de gestes dites par des acteurs, étaient représentés dans les grand’salles des châteaux, dans les églises, dans les cimetières, ou sur des échafauds dressés dans les carrefours, ainsi que cela se pratique encore pendant les foires. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’on commença en France à élever des salles uniquement destinées aux jeux scéniques. Le goût pour le théâtre, cependant, remonte chez nous à une époque éloignée, et il existe des mystères et moralités qui datent de la fin du XIIe siècle.

TIERCERON, s. m. (tierceret). Nervure de voûte en tiers-point, qui, bandée entre l’arc-doubleau et le formeret, aboutit à la lierne, laquelle réunit la clef de l’arc-doubleau ou du formeret à celle des arcs ogives. (Voy. Voûte.)

TIRANT, s. m. Pièce de fer ou de bois qui maintient l’écartement des arbalétriers d’une ferme, ou le dévers de deux murs parallèles, ou la poussée d’un arc. Les entraits, dans les charpentes de combles, sont de véritables tirants (voy. Charpente). Pour fermer leurs voûtes, les constructeurs du moyen âge plaçaient provisoirement des tirants, afin d’éviter les poussées, en attendant que les piles fussent chargées. Ces tirants étaient habituellement de bois, et étaient sciés au ras de l’intrados du sommier des arcs, quand les constructions étaient terminées. À la cathédrale de Reims, ces tirants étaient de fer, avec des œils passant dans des crochets qui sont restés en place. Il est peu de voûtes de collatéraux où l’on n’ait l’occasion d’observer la trace de ces tirants.

TOILES (peintes). On employait souvent, pendant le moyen âge, les toiles peintes pour tapisser les intérieurs des appartements et pour dé-