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plan rectangulaire[1] et ne contenait qu’un escalier de bois avec paliers. Son sommet pouvait être garni de hourds[2].

L’angle sud-ouest des murs romains de la ville d’Autun, point culminant de l’enceinte, possède une tour de guet du XIIe siècle, dont nous donnons (fig. 59) la vue prise au dehors des murs. Cette tour contenait plusieurs chambres les unes au-dessus des autres et un escalier de bois. Les fenêtres jumelles de la chambre supérieure s’ouvrent du côté de la ville. La corniche de couronnement formait parapet, et le chéneau du comble en charpente, chemin de ronde. Les eaux de ce comble plat, posé en contre-bas du couronnement, s’écoulaient par des gargouilles[3].

La tour de Nesle, à Paris, qui commandait, sur la rive gauche, le cours de la Seine à sa sortie de la ville, était plutôt une tour de guet qu’un ouvrage propre à la défense. Elle était mise en communication par une estacade avec la tour de la rive droite (dite tour qui fait le coin), qui, en amont du Louvre, terminait l’enceinte de la ville. Un fanal était suspendu à ses créneaux pour indiquer aux bateliers l’entrée de l’estacade qui barrait une partie notable du fleuve. De sa plate-forme on découvrait les enceintes de l’ouest (rive gauche), le faubourg Saint-Germain, le Pré aux Clercs, le Louvre et la Cité.

La tour de Nesle, bâtie sous le règne de Philippe-Auguste, en même temps que l’enceinte de Paris, c’est-à-dire vers 1200, est désignée dans un acte de 1210 : Tornella Philippi Hamelini supra Sequanam[4]. Ce n’est qu’un siècle plus tard qu’elle est connue sous le nom de tour de Nesle ou de Nelle. Elle était plantée à la place qu’occupe le pavillon oriental du palais de l’Institut. Sur le quai, près d’elle, s’ouvrait la porte de la ville dite porte de Nesle (voyez le plan, fig. 60), et en A s’étendait l’hôtel de même nom. La tour de Nesle D avait, hors œuvre, cinq toises de diamètre, possédait deux étages voûtés et deux étages plafonnés, avec une plate-forme à laquelle arrivait l’escalier à vis E, après avoir desservi tous les étages. Cet escalier dépassait de beaucoup le niveau de la plate-forme (qui peut-être était primitivement couverte par un comble conique) et servait de guette.

  1. Une légende prétend qu’elle salua Charlemagne à son passage à Carcassonne ; mais Charlemagne est-il jamais passé à Carcassonne ? puis la tour n’est que du XIe siècle.
  2. Voyez Architecture Militaire, le plan du château de Carcassonne, fig. 12 (la tour de guet est en S), et figure 13, la vue perspective de ce château. Voyez aussi les Archives des monuments historiques, Gide éditeur.
  3. Cette tour est dite aujourd’hui, tour de François Ier.
  4. Voyez Dissert. archéol. sur les anciennes enceintes de Paris, par Bonnardot Parisien, 1852. Voyez les plans de Gomboust, de de Fer, de Mérian, la tapisserie de l’hôtel de ville, les gravures de Callot, d’Israël Sylvestre, les plans déposés aux Archives de l’empire, les dessins et gravures de della Bella, les dessins de Le Vau (Archiv. de l’empire). Cette tour ne fut démolie qu’au moment où l’on commença le palais des Quatre Nations (l’Institut actuel), vers 1660.