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qui existent encore, n’ont pas même l’étendue de celles anciennes de la cathédrale de Paris. Ce sont des salles voûtées qui prennent une ou deux travées, et qui se confondent pour ainsi dire dans l’ordonnance du grand monument. À l’extérieur, elles affectent cependant des dispositions plus fermées que les chapelles ; leurs fenêtres grillées sont plus étroites et se rapprochent du style adopté pour les édifices civils. Souvent, comme à Notre-Dame de Paris, elles possèdent un premier étage qui servait de trésor, d’archives, de bibliothèque, c’est-à-dire de dépôt pour les livres du chœur.

Nous ne devons pas omettre ici la jolie sacristie qui flanquait la sainte Chapelle du palais, à Paris, et qui avait été construite en même temps. Cette sacristie avait trois étages : le rez-de-chaussée, au niveau du sol de la chapelle basse ; le premier, au niveau du sol de la chapelle haute ou Royale ; le troisième, lambrissé, qui contenait de précieuses chartes (voyez Palais, fig. 2 et 3). Ce bâtiment n’était réuni à la sainte Chapelle que par une petite galerie et paraissait ainsi isolé. Il était orienté comme la sainte Chapelle et terminé à l’est par une abside à cinq pans (voy. Chapelle, fig. 1 et 2). Ce charmant édifice, dont nous ne possédons que des dessins et des gravures, fut démoli vers la fin du dernier siècle, pour bâtir cette galerie qui, du côté du nord, masque si désagréablement la sainte Chapelle. Au château de Vincennes, on voit encore une disposition analogue bien conservée. La sainte Chapelle de ce château est flanquée de deux sacraires et d’une sacristie, avec trésor au-dessus (voy. Chapelle, fig. 8 et 9).

SALLE, s. f. À proprement parler, salle s’entend comme espace relativement vaste et couvert. Ainsi, pour une maison, la salle est l’espace le plus spacieux où la famille se réunit, où l’on reçoit les étrangers.

Pendant le moyen âge, on ne faisait pas cette distinction, toute moderne, entre le salon et la salle à manger. Il y avait la salle, qui était le centre, le local commun où l’on recevait, où l’on mangeait, puis des chambres, garderobes et réduits. Il y avait la salle basse (rez-de-chaussée), pour les gens, les familiers ; la salle haute (au premier étage), pour le maître et les siens.

Nous avons peut-être pris certaines habitudes aux Romains, nos conquérants, et il est à croire qu’au deuxième siècle de notre ère, l’habitation d’un riche Gaulois ou Gallo-Romain, si l’on veut, ressemblait fort à celle d’un Romain de Rome. Mais en pénétrant dans les premiers temps du moyen âge, on ne trouve que peu de traces de ces habitudes purement romaines, tandis qu’on en découvre beaucoup d’autres qui n’ont point d’analogie avec celles-ci. Or, on nous permettra de poser ce dilemme aux nombreux historiens passés et présents qui font prévaloir l’influence des mœurs romaines sur les populations gauloises. Ou cette influence n’était pas aussi considérable qu’on veut le croire, n’avait pas pénétré dans les classes moyenne et inférieure de la nation, ou elle a bien vite cédé aux mœurs des envahisseurs du nord-est au IVe siècle, puisque,