Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 8.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[sacristie]
— 69 —

SACRISTIE, s. f. Salle située près du chœur des églises, servant à la préparation des cérémonies du culte, permettant au clergé de revêtir les habits de chœur, de renfermer les ornements, les vases sacrés dans des armoires disposées à cet effet. Pendant le moyen âge, les églises étaient toujours entourées de dépendances importantes. Autour des églises conventuelles s’élevaient les bâtiments de la communauté ; sur l’un des flancs des églises cathédrales, les bâtiments épiscopaux ; dans le voisinage des paroisses, la cure et quelquefois des hospices. Ces annexes aux églises, permettaient d’établir à rez-de-chaussée, et de plain-pied avec le chœur, des salles plus ou moins nombreuses et vastes, qui étaient affectées au service religieux. Cela explique comment beaucoup de nos églises, dont les bâtiments annexes ont été démolis, sont dépourvues de sacristies anciennes.

Cependant quelques cathédrales ont conservé leurs sacristies, parce qu’elles dépendaient du monument lui-même. C’est ainsi que la cathédrale de Rouen possède encore sa sacristie de la fin du XIIe siècle, accolée au flanc sud du chœur ; que des deux côtés du transsept de la cathédrale de Laon on voit deux belles sacristies du commencement du XIIIe siècle ; que la cathédrale de Tours possède une vaste sacristie du XIIIe siècle ; que celle de Chartres, au côté nord du chœur, conserve une belle sacristie du XIVe siècle (voyez Cathédrale). Toutefois ces dépendances sont aujourd’hui rarement suffisantes pour les besoins du clergé, les évêchés ou bâtiments monastiques ayant été démolis ou affectés à d’autres usages. Ces sacristies donnaient souvent sur un cloître, comme à la cathédrale d’Amiens.

Une des plus anciennes sacristies dont nous ayons conservé les dispositions, est celle de la cathédrale de Paris, qui réunissait l’église au palais épiscopal. Il nous reste de ces salles de très-curieux dessins déposés aux archives de l’empire[1], dessins que nous reproduisons ici (fig. 1). Cette sacristie de Notre-Dame de Paris se composait d’un bâtiment à deux étages, l’un au-dessous du sol de l’église, l’autre à 5 mètres environ au-dessus.

Les constructions indiquées sur le plan A en noir dataient du temps de Maurice de Sully, c’est-à-dire de la fin du XIIe siècle ; celles teintées en gris étaient postérieures. En B, est le bas côté sud du chœur de la cathédrale ; en C, le degré de six marches descendant à la sacristie basse, et en D, l’escalier montant à la sacristie haute, qui servait aussi de trésor. Il est vraisemblable que du temps de Maurice de Sully, la sacristie basse comme la salle haute comprenaient tout le bâtiment. Mais lorsqu’au commencement du XVIe siècle, l’évêque Étienne de Poncher fit doubler la grande salle G par une galerie E, le passage F entre la sacristie et l’évêché se trouvant masqué, on établit, un passage H aux dépens de la

  1. Des calques de ces dessins nous ont été donnés par M. A. Berty (voy. Palais, fig. 7 et 8).