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très-judicieusement combinés pour ouvrir un jour dans un parement, sans avoir recours à des arcs.

En terminant cet article, il faut citer les belles roses du milieu du XIIIe siècle, de l’église abbatiale de Saint-Denis ; celle de la chapelle de Saint-Germer, qui reproduisait très-probablement la rose primitive de la sainte Chapelle du palais à Paris ; celle du croisillon sud de la cathédrale de Sées, habilement restaurée par M. Ruprick Robert. Parmi les roses de la fin du XIIIe siècle et du commencement du XIVe, celles du transsept de la cathédrale de Clermont, qui sont ajourées, compris les écoinçons hauts et bas, comme la rose de la sainte Chapelle de Saint-Germain en Laye[1] ; celles du transsept de la cathédrale de Rouen, charmantes de style et d’exécution.

L’école normande toutefois, comme l’école anglaise, fut très-avare de roses. Dans l’architecture de ces contrées, les grandes fenêtres remplacent habituellement les roses ouvertes dans les murs-pignons des transsepts. On ne voit pas que l’architecture gothique rhénane ait adopté les grandes roses. À la cathédrale de Metz, par exemple, ce sont d’immenses fenestrages qui éclairent le transsept. Les roses appartiennent donc aux écoles laïques de l’Île-de-France et de la Champagne, et encore voyons-nous que, dans cette dernière province, les roses sont inscrites sous les formerets des grandes voûtes, et peuvent ainsi être considérées comme de véritables fenêtres.

S

SACRAIRE, s. m. Petite pièce voûtée, située près du chœur des églises, où l’on renfermait les vases sacrés. Dans un grand nombre d’églises, la sacristie servait de sacraire ; c’était dans la sacristie que l’on déposait les vases sacrés. Cependant on signale de véritables sacraires annexés à des chœurs d’églises du moyen âge. L’ancienne cathédrale de Carcassonne possède deux sacraires à droite et à gauche du sanctuaire (voy. Cathédrale, fig. 49), qui sont voûtés très-bas et munis d’armoires à doubles vantaux. Ces sacraires datent du XIVe siècle. Nous en trouvons également dans la cathédrale de Châlons-sur-Marne, qui datent du XIIe siècle. Ces réduits n’ont pas d’issues sur l’extérieur, et s’ouvrent sur l’église par des portes étroites et bien ferrées. Dans certaines églises conventuelles, le sacraire, c’est-à-dire le dépôt des vases sacrés, consistait en un édicule en pierre ou en bois placé près de l’autel. Cette disposition était observée autrefois dans l’église abbatiale de Cluny, dans celle de Saint-Denis, en France (voy. Chœur, fig. 2).

  1. À la cathédrale de Clermont, les roses ajourées en carré sont ouvertes sous un formeret donnant une courbe très-plate, ce qui produit un assez mauvais effet. Mais ce n’est pas à Clermont qu’il faut aller étudier l’art du XIIIe.