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Dès 1417, une inspection à domicile faite par dix-huit commissaires (quatre procureurs de ville, quatre notaires, quatre bourgeois, quatre sergents et deux personnes non désignées) dut constater si chaque habitant était pourvu du harnois militaire exigé par les règlements de ville[1]. Vers la fin de cette année 1417, le prince des Vertus, frère du duc d’Orléans prisonnier en Angleterre, vint inspecter les ouvrages de terrassement.

En 1418, de nouvelles bombardes et des canons sont essayés hors de la ville, et l’on fait venir des pierres dures pour les tourner en boulets[2].

En 1419, les chaînes sont régulièrement tendues chaque nuit dans les rues de la ville, au moyen de treuils placés dans les rez-de-chaussée des maisons. Des cloches de signaux sont posées sur les portes, et les guetteurs reçoivent des cornets. On fait l’essai d’une grande pierrière (couillard) placée sur le pont en face du châtelet. Les poternes basses (sous les ponts-levis) sont mises en état. Jehan Martin, artillier, fournit huit grandes arbalètes d’acier, à manœuvrer par quatre hommes chacune. Des escaliers de bois sont disposés pour monter de la ville sur les chemins de ronde des courtines.

En 1420, du côté de la Loire, les remparts n’avaient point de parapets ; des mâchicoulis y furent posés avec parapets couverts.

En 1422, les habitants, sous peine d’amende, sont tenus de venir travailler aux fossés ; les amendes produisent 500 livres.

En 1428, les fossés sont encore approfondis et élargis (ils avaient quarante pieds de largeur et vingt pieds de profondeur). D’autres parties anciennes des remparts qui n’avaient plus de parapet sont munies de mantelets de bois avec forts poteaux scellés dans la maçonnerie.

Au mois de septembre de la même année, le recensement ordonné par le commandant de la ville fit connaître que le nombre des hommes en état de porter les armes s’élevait à 5000. Les habitants sont invités à s’approvisionner de vivres. Les faubourgs sont rasés jusqu’à une distance de cent toises des remparts (200 mètres). Les habitants s’imposent volontairement, et ils mettent le feu au faubourg des Portereaux situé sur la rive gauche de la Loire, en avant de la tête du pont. Ils renforcent le boulevard des Tournelles. Le 21 septembre, un grand canon est fondu par Jehan Duisy ; mis en batterie, ses boulets forcent les Anglais, qui commencent à se loger en aval sur la rive droite, à se retirer vers Saint-Laurent. Une fabrique de poudre est établie dans la rue des Hôtelleries. Jehan Courroyer est nommé chef des canonniers.

  1. Ce harnois militaire se composait de : la heuque (jaquette), ceinte par une courroie de cuir, ou avec des attaches de cuir appelées orties ; du bacinet (casque de fer poli sans visière ni gorgerin) ; d’arcs, d’arbalètes, d’épées, de guisarmes, de haches d’armes, de pies et de maillets de plomb. La ville fit faire à cette époque quatre-vingt-seize frondes à bâton, et en 1418, mille fers de traits d’arbalètes fortes.
  2. Les tailleurs de pierre livrent 422 de ces boulets, qui pesaient de 4 à 64 livres.