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dédiée à Notre-Dame. Surélevée pour coïncider avec les niveaux des galeries de la rotonde, elle formait des salles annexes à chaque étage de ces galeries.

La destruction de ce monument, si intéressant comme plan et dispositions architectoniques, est fort regrettable. Nous devons encore nous trouver heureux d’en avoir conservé l’étage, inférieur, et d’en pouvoir ainsi constater la date précise, le système de structure, et d’en tracer le plan. Son aspect extérieur, conservé par la gravure dans l’ouvrage de D. Planchet, ne manquait ni de grandeur, ni d’originalité. Il y avait là (fig. 5), des réminiscences de monuments antiques, et bien certainement du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Les deux énormes cylindres contenant les escaliers montant aux galeries supérieures, allégés extérieurement par des niches, étaient évidemment un souvenir de quelque construction romaine. Du temps de D. Planchet, c’est-à-dire en 1739, cet édifice des premières années du XIe siècle était encore intact ; seuls les couronnements des deux tours d’escaliers avaient été refaits au XIIe siècle, puis réparés à une époque plus récente. Dans notre figure, ces couronnements sont restaurés.

L’analogie entre cet édifice et le Saint-Sépulcre de Jérusalem ne saurait être douteuse. Le jour central, les collatéraux, jusqu’à ces deux absidioles du premier étage, placées de chaque côté de la chapelle extrême, accusent la volonté d’imiter le monument de la ville sainte, vers laquelle, pendant tout le cours du XIe siècle, se rendaient de nombreux pèlerins. Mais ce monument n’est pas le seul, en France, qui ait été élevé avec la préoccupation d’imiter le Saint-Sépulcre.

Il existe dans le département de l’Indre (arrondissement de la Châtre) une église qui a conservé le nom de son type original : c’est l’église de Neuvy-Saint-Sépulcre. Cet édifice fut fondé « en 1045, par Geoffroy, vicomte de Bourges, dans les possessions d’un seigneur de Déols, Eudes, lequel avait fait un pèlerinage en terre sainte. Les chroniques qui mentionnent cette fondation ont remarqué que l’église fut construite en imitation du Saint-Sépulcre de Jérusalem : Fundata est ad formam S. Sepulchri Ierosolimitani[1]. »

L’église de Neuvy-Saint-Sépulcre est de forme circulaire, avec collatéral et étage supérieur. Voici, figure 6, le rez-de-chaussée. La construction, très-grossière d’ailleurs, de cette rotonde, vient se souder gauchement avec une église plus ancienne, modifiée et presque entièrement reconstruite vers 1170. Dans les murs a, b, des latéraux de la nef, on retrouve les traces des arcs de cette église primitive à l’extrémité de laquelle le vicomte Geoffroy fit élever la copie du Saint-Sépulcre. L’entrée de l’édifice est en A. On monte à la galerie du premier étage par l’escalier à vis B. Cette galerie laisse un vide au centre de la rotonde, et

  1. Voyez la notice sur l’église de Neuvy-Saint-Sépulcre dans les Archives des monuments historiques.