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forte avancée sur la voie. Une archivolte B, au nu du mur (voy. la coupe A), servait d’arc de décharge au-dessus du tympan, percé d’une petite fenêtre destinée à éclairer le vestibule lorsque les vantaux étaient clos[1]. Le gâble-abri se composait de simples dalles incrustées dans le parement du mur. À cause de la largeur de la baie, le linteau était remplacé par un arc surbaissé, avec feuillure intérieure pour recevoir les deux vantaux. En C, nous donnons, au double, la section de l’un des pieds-droits. Il semblerait que ces sortes d’entrées étaient assez habituellement employées dans cette province, car l’église du Blanc (Indre) possède encore une porte construite suivant la même donnée, mais sans linteau.

Le corbeau, le sommier de l’arc surbaissé, et la pénétration de l’archivolte, étaient pris dans la même pierre. Le sommier de cette archivolte faisait corps également avec l’assise G en encorbellement. Mais les matériaux dont on pouvait disposer ne permettaient pas toujours de pratiquer des saillies de pierre de nature à résister aux intempéries. Sans changer le programme, les architectes du moyen-âge établissaient parfois des auvents de bois au-dessus des portes des habitations. La figure 86 nous fournit un exemple de ces entrées de maisons. D’un côté, nous avons supposé l’auvent enlevé, afin de faire comprendre comment il se plaçait[2]. En B, nous avons tracé la coupe de cette porte avec le chevronnage de l’auvent, et en C, la section d’un des jambages au double. Cette porte date de la seconde moitié du XIIIe siècle ; elle était fermée par un seul vantail.

S’il y a une grande variété dans la forme des portes d’églises à cette époque, c’est-à-dire pendant le XIIIe siècle, l’architecture civile ne présente pas un moins grand nombre de dispositions originales, et cependant nous ne possédons plus en France que peu de maisons bâties de 1180 à 1300.

Pendant cette période, d’ailleurs, il était d’un usage assez fréquent, surtout dans les provinces situées au sud de la Loire, de bâtir les maisons avec portiques. Sur la voie publique alors, les portes n’étaient qu’une simple arcade, ou une baie rectangulaire formée de deux jambages et d’un linteau. Fréquemment aussi les rez-de-chaussée des habitations urbaines étaient occupés par des boutiques dont les devantures s’ouvraient sous des arcs[3] ; l’une de ces arcades servait d’entrée à l’escalier communiquant aux étages supérieurs. La fermeture consistait en une huisserie avec vantaux. Les portes des maisons, pendant le XIVe siècle, sont généralement simples, très rarement ornées de sculptures ; elles ne consistent qu’en une archivolte en tiers-point au nu du mur, avec linteau au-dessous, ou en une ouverture quadrangulaire, avec chanfreins

  1. Cette maison a été détruite depuis ; nous n’avons pu en retrouver que la place lors d’un dernier voyage dans le département de l’Indre.
  2. Cette porte provient d’une maison de Château-Vilain (Haute-Marne).
  3. Voyez Maison, et l’ouvrage déjà cité de MM. Verdier et Cattois.