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un moment où le domaine royal, en politique, en littérature, comme dans l’art de l’architecture, acquiert une prépondérance marquée. Les arts des provinces passent, pour ainsi dire, alors, à l’état de patois, et l’art qui se développe au sein du domaine royal devient le seul officiellement reconnu, celui que chacun s’empresse d’imiter avec plus ou moins d’adresse et d’aptitudes, et qui finit par étouffer tous les autres.


C’est ce fait considérable dans notre histoire, que des esprits distingués cependant ont prétendu n’envisager que comme une bizarrerie, une étrangeté, une lacune. Mais, pourquoi nous étonner de l’existence de ce préjugé, quand nous pouvons constater qu’avant les travaux de M. Littré sur la langue française, on ne voyait dans nos poésies du moyen âge que les échos d’un langage grossier et barbare, et qu’il a fallu toute la délicatesse d’analyse du savant académicien pour démontrer à ceux qui prennent la peine de le lire, que ce langage du XIIe siècle est complet, éminemment logique et souvent rempli de beautés du premier ordre. Ce sont là aujourd’hui des faits acquis, et il paraîtrait équitable de donner l’épithète de barbares à ceux qui les ignorent chez nous, quand l’Europe entière s’associe à nos travaux, et