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du milieu du XIIIe siècle, mais qui demeure à l’état d’exception. Les tympans sculptés donnaient aux imagiers de trop belles pages à remplir pour que ceux-ci n’en profitassent pas ; et de fait, on n’a jamais su trouver de meilleures places pour développer des scènes sculptées. Aux deux portes de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris, celle centrale et celle de la Vierge, les figures qui décorent la partie supérieure des tympans sont des statues rapportées sur un fond, comme le sont les statues qui garnissaient les deux tympans des frontons du Parthénon, tandis que les linteaux sont des bas-reliefs en ronde bosse. Quant aux figures des voussures, elles sont sculptées, chacune, dans un claveau et avant la pose. On a lieu de s’étonner que cette époque ait pu fournir un nombre d’imagiers assez considérable pour permettre d’élever des portes aussi richement décorées en très-peu de temps, d’autant que les différences de faire sont peu sensibles, que toutes ces figures sont sculptées dans de la pierre dure comme du marbre, et toutes d’un style et d’une exécution remarquables. La porte de la Vierge contient neuf grandes statues ; vingt-huit figures, dont quelques-unes sont plus fortes que nature dans les linteaux et le tympan ; soixante-deux figures, dans les voussures, en pied ou à mi-corps, presque de grandeur naturelle ; de plus, vingt-neuf bas-reliefs, sans compter l’ornementation. La porte centrale, celle du Jugement dernier, contient treize statues de plus de deux mètres ; cinq figures colossales dans le tympan, cinquante figures petite nature dans les linteaux, cent vingt-six figures ou sujets petite nature dans les voussures, et quarante-deux bas-reliefs. Cela donne bien un peu à réfléchir sur la puissance de cette école de statuaire du commencement du XIIIe siècle ; toutes ces figures ayant dû être sculptées avant la pose, c’est-à-dire assez rapidement pour ne pas ralentir le travail du constructeur. Si l’on ajoute à ce nombre les sculptures de la porte Sainte-Anne, les vingt-huit statues colossales des rois de Juda, les quatre statues également colossales qui décorent les contre-forts, et que l’on se rappelle que ce portail, jusqu’à la hauteur de la galerie de la Vierge, dut être élevé en cinq années au plus, on peut bien se demander s’il serait possible aujourd’hui d’obtenir un pareil résultat. Et cette fécondité, cependant, n’est pas obtenue au détriment de l’exécution ou de l’unité dans le style ; on peut, certes, constater le travail de mains différentes, sans qu’il en résulte un défaut d’harmonie dans l’ensemble. Si les grandes portes du XIIIe siècle, appartenant aux cathédrales de Chartres, de Reims, d’Amiens, de Bourges, présentent des exemples admirables, on ne saurait cependant les considérer comme pouvant rivaliser avec les deux portes que nous venons de citer, et notamment avec celle de la Vierge de Notre-Dame de Paris. Cependant, à la base du transsept méridional de cette église, il existe une porte fort belle, datée de 1257, et qui peut être classée parmi les meilleures compositions en ce genre. Le tympan représente la légende de saint Étienne, et les voussures, des martyrs, des docteurs et des anges. Sur le trumeau est dressée la statue du saint, et