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qui font, de la plupart des portes de châteaux, des ouvrages compliqués et étendus. Ces portes de monastères ne sont pas précédées d’ouvrages avancés, de barbacanes, de boulevards ; elles s’ouvrent directement sur la campagne, quelquefois même sans fossés ni pont-levis, et leurs défenses sont plutôt un signe féodal qu’un obstacle sérieux. La porte de l’abbaye de Saint-Leu d’Esserent, qui date XIVe siècle, est construite d’après ces données mixtes : c’est autant une porte de ferme qu’une porte fortifiée. Nous en présentons (fig. 48) la face du dehors. Cet ouvrage consiste en deux contre-forts extérieurs, portant chacun une échauguette cylindrique. Entre les contre-forts qui masquent la courtine, s’ouvrent une porte charretière et une poterne. Trois mâchicoulis sont percés au-dessus de la grande issue et deux au-dessus de la poterne (voy. le plan en a) ; un crénelage couronnait le tout. En B, est tracé le profil des encorbellements des échauguettes, avec leur larmier. La figure 49 donne la coupe de cette porte faite sur ab.


On reconnaît aisément qu’une entrée pareille ne pouvait présenter un obstacle bien sérieux à des assaillants déterminés ; quoi qu’il en soit, cette composition ne laisse pas d’être habilement conçue et d’une très-heureuse proportion. On élevait même pendant les XIIIe et XIVe siècles des portes de monastères qui n’avaient nullement le caractère défensif ; alors ces portes étaient plutôt hospitalières, c’est-à-dire qu’elles étaient précédées d’un porche, comme