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garnis qu’ils fussent de peaux fraîches ou de feutres mouillés. On renonça donc d’abord aux hourds de bois mobiles, établis seulement en temps de guerre, et on les remplaça par des hourds de pierre, des mâchicoulis[1]. Puis les perfectionnements apportés dans l’attaque étaient assez notables pour qu’on ne s’attachât plus à forcer les portes ; on pratiquait des galeries de mine, on affouillait les fondations des tours, on les étançonnait avec du bois, et en mettant le feu à ces soutiens, on faisait tomber des ouvrages entiers. On possédait des engins destructifs assez puissants pour battre en brèche des points saillants, ou pour jeter dans une place une si grande quantité de projectiles de toutes sortes, des matières enflammées, infectantes, qu’on la rendait inhabitable. Dès lors la défense des portes prenait moins d’importance. Il ne s’agissait plus que de les mettre à l’abri d’un coup de main, de les bien flanquer et de leur donner assez de largeur pour qu’une troupe pût rentrer facilement après, une sortie, ou prendre l’offensive en cas d’un échec essuyé par l’assiégeant.

Ces portes étroites et basses des XIIe et XIIIe siècles, si prodigieusement garnies d’obstacles, prennent de l’ampleur ; les petites chicanes accumulées sous leurs passages disparaissent, mais en revanche les flanquements et les ouvrages avancés sont mieux et plus largement conçus ; les défenses extérieures deviennent parfois ce qu’on appelait alors des bastilles, c’est-à-dire de véritables forteresses à cheval sur un passage.

  1. Voyez Hourd, Mâchicoulis.