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du palais, et y fit creuser un puits ; il fit construire l’aile orientale donnant sur des jardins, et ajouta une septième tour, dite des Anges, aux six déjà bâties.

Grégoire XI part pour Rome en 1376, et meurt en 1378. Ainsi le palais d’Avignon a été le siège de la papauté de 1316 à 1376, pendant soixante ans, sous six papes. La papauté était alors française, élue principalement parmi les prélats gascons et limousins. Les papes français installèrent des candidats de leur choix au sein du sacré collège, et maintinrent leur prédominance pendant la durée du séjour des papes à Avignon. Il ne faut pas oublier ce fait, qui eut, comme nous le verrons tout à l’heure, une influence sur la construction du palais des papes d’Avignon.

Les antipapes, Clément VII et Benoît XIII, occupèrent le palais d’Avignon de 1379 à 1403 (mars).

Benoît XIII fut assiégé dans le palais par le maréchal Boucicaut, le 8 septembre 1398 ; le siège fut converti en blocus jusqu’après le départ de ce pontife, en 1403. Roderic de Luna, neveu de Benoît XIII, fut de nouveau assiégé, ou plutôt bloqué, par les légats du pape de Rome et par Charles de Poitiers, envoyé par le roi de France en 1409. Il évacua le palais, ainsi que le château d’Oppède, par capitulation en date du 22 novembre 1411.

Le cardinal légat (cardinal de Clermont) fit bâtir, en 1513, l’appartement appelé la Mirande, regardant le midi, et la galerie couverte qui mettait en communication ces appartements avec les tours donnant sur le jardin : c’était là que les vice-légats recevaient leurs visites.

On a tenu dans le palais d’Avignon six conclaves :

Celui pour l’élection de Benoît XII, en 1335 ; de Clément VI, en 1342 ; d’Innocent VI, en 1352 ; d’Urbain V, en 1362 ; de Grégoire XI, en 1370, et de Benoît XIII, en 1394.

À la suite d’un conflit qui eut lieu entre les gens du pape et ceux du duc de Créquy, ambassadeur de Louis XIV près le Saint-Siège, les satisfactions demandées à la cour de Rome paraissant insuffisantes, le roi de France fit occuper Avignon par ses troupes, et menaça le souverain pontife d’envoyer un régiment à Rome (1662). Le général Bonaparte, par le traité de Tolentino, obtint la cession des Romagnes et du comtat d’Avignon.

Ainsi, en soixante années, les papes firent bâtir non-seulement cette résidence, dont la masse formidable couvre une surface de 6 400 mètres environ, mais encore toute l’enceinte de la ville, dont le développement est de 4 800 mètres.

En 1378, un incendie détruisit presque tous les combles du palais des papes[1]. En 1413, la grande salle du Consistoire, le quartier des cuisines

  1. On voit encore aujourd’hui les traces de ce sinistre dans les parties supérieures de l’édifice. « L’an 1378, à l’heure du trépas du pape Grégoire XI à Rome, selon les vieux documents de Provence, le palais d’Avignon s’embrasa par telle fureur, qu’il ne fut ja-