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deux baies abritées, tendant au centre d’un large parvis formé par la saillie des tours. On évitait ainsi les courants d’air dans l’église, les portes extérieures des porches et celles donnant dans les collatéraux n’étant pas placées en face l’une de l’autre. La foule des fidèles, en sortant par les deux portes latérales et la porte centrale, se trouvait naturellement réunie sur l’aire de ce parvis, sans qu’il pût en résulter de l’encombrement. Il y a lieu de s’étonner que cette disposition si bien trouvée et d’un si heureux effet, n’ait pas été suivie dans la construction de quelques-unes de nos églises modernes, d’autant qu’elle peut s’accommoder à tous les styles d’architecture.

Porches d’églises annexes. C’est à dater de la fin du XIIe siècle que les porches accolés aux façades principales ou latérales des églises deviennent très-fréquents. Pourquoi ? Avant cette époque, les églises les plus importantes étaient celles qui dépendaient d’établissements monastiques. Ces églises, comme nous l’avons vu, possédaient des porches très-vastes si elles relevaient de l’ordre de Cluny, en forme de portiques si elles relevaient de l’ordre de Cîteaux, plus ou moins étendus si elles ne dépendaient ni de l’un ni de l’autre de ces deux ordres, mais faisant partie du plan primitif ou complété de l’édifice religieux. Lorsque ces porches avaient été annexés, ils achevaient, pour ainsi dire, un ensemble de constructions conçues d’après une idée dominante. Les églises paroissiales antérieures à 1150 étaient petites, pauvres, et copiaient plus ou moins les grandes églises monastiques. Avant cette époque, les cathédrales elles-mêmes avaient peu d’étendue, et s’élevaient également sous l’influence prédominante des édifices dus aux ordres religieux. Mais lorsque, vers 1160, les évêques surent recueillir ces immenses ressources qui leur permirent d’élever des églises qui pussent rivaliser avec celles des ordres religieux et même les dépasser en étendue et en richesse, ils adoptèrent des plans qui différaient sur bien des points de ceux admis par les moines. Plus de chapelles, plus de porches ou de narthex. Les cathédrales prirent généralement pour type un plan de basilique, avec nef centrale et bas côtés ; des portes largement ouvertes se présentaient sur la façade, sans vestibule. Il semblait que le monument de la cité, la cathédrale, voulût être surtout accessible à la foule, qu’elle évitât tout ce qui pouvait faire obstacle à son introduction. C’était un forum couvert, dans lequel chacun était appelé sans préparation, sans initiations. Mais bientôt, ainsi que nous l’expliquons ailleurs[1], l’espoir que les évêques avaient conçu de devenir les chefs politiques et religieux de la cité s’évanouit en face de l’attitude nouvelle prise par le pouvoir royal. Les cathédrales durent se renfermer dans leur rôle purement religieux : elles élevèrent des chapelles, des clôtures autour des chœurs ; elles crevèrent leurs longues nefs pour y installer des transsepts, et enfin elles ajoutè-

  1. Voyez l’article Cathédrale, t. II, p. 280 et suiv. — Voyez aussi les Entretiens sur l’architecture, t. I, p. 263 et suiv.